mardi 17 avril 2012

Dindos 4

Merci pour votre compréhension, livre en 12 exemplaire, 180 x 200 mm, papier recyclé 80 g/m2, lavis et photographies argentiques, février 2012.






samedi 14 avril 2012

Les amants 6

Les amants, collages d' impressions numériques (gravures taille-douce, lithographies et dessins numérisés), 320x400 mm, papier 60g/m² sur carton, livre en portfolio de 8 planches et textes, 1 exemplaire, en cours.









Les amants 5




Les amants 4

Texte pour le projet de livre.



Les amants


     Quand tu te penches et qu'on ne voit plus ton cou, qu'il ne reste plus rien de ce qui te fait. 
        Quand ton port ne porte plus rien et que tu ne reconnais plus comme un être la personne qui est devant toi, mais que tu vois une machine d'usine qui marche, qui gesticule et qui sert. 
        Quand on t'a coupé la tête pour que tu ne t'éloignes plus, pour qu'il ne reste de toi qu'une chair mal instruite, docile et efficace.
     On ne t'appelle plus.

     Imaginez-vous une salle remplie d'esprits qu'on n'a jamais su assumer et qu'on a donc mis à l'écart de leur support.
     Imaginez-vous qu'on a coupé la tête de cinquante hommes pour suffire à la société, que cette somme d'humains déchirés fassent fonctionner d'un seul pas leur monde par le seul mécanisme de leur corps.
     Si, dans tout ce que vous voyez ici, vous observez une once de bon sens, vous m'arrêtez.

     Les hommes sans tête marchent mais ne se retournent jamais.
Ils n'ont pas le loisir de contempler leur monde, pas le réflexe de s'arrêter de marcher, et encore moins celui de parler.
     Les têtes, elles, sont saignées à blanc pour être cloîtrées dans une pitoyable cage.
     Un exil forcé d'une force mentale.
     Un principe de vie torturé.

   C'est un nuage de spectres flottants, une masse chercheuse de prouesses corporelles qui ne peut trouver son binôme autrement que dans l'agression physique de quelques automates traînant par là. Des corps devenus fous par la déchirure qu'on répare violemment et qui ne peuvent supporter cette vigueur.
    Ça succombe.

    Une gravité suspendue dans les airs, un amas d'âmes.

    On les décroche de leur magnétisme corporel et on les cache, mais l'attirance physique d'un amant ne se dément pas.
    Elle reste.
    Dans son droit.

    On les a migrées au centre de la terre avec toute une croûte pour les contenir, et on les a exploitées. Elles font noyau de ce vide qui les entoure et font tourner ce monde. Elles maintiennent les hommes sur pied, mais aucun corps ne se doute de son inclinaison, tous se figent devant leur labeur et tendent le bras. Il ne faut jamais espérer un geste en arrière ou une secousse sismique. 
      Quand tous ignorent pourquoi ils tiennent debout tandis qu'en bas, au milieu, on tangue d'impatience, on s'agite, on s'évertue à se dépêtrer tant et si bien qu'on fait tourner les corps autour de soi sans jamais pouvoir les atteindre.
    On ne peut pas attraper son ombre.

    Tout juste si on peut espérer qu'un jour un tas de cinquante corps fatigués s'immobilisent au centre de ce qui les constitue, aperçoivent la vérité de leur être et disparaissent au sol, s'allongeant de toute leur chair sur terre, attendant la remontée des têtes qui, à force d'impatience auront su comprendre le temps de latence nécessaire au rappel d'une nature qui ne peut être bafouée.
    Si les morceaux se recomposent, s'ils se lèvent et se retournent, on dira alors qu'on ne peut tenir loin et longtemps l'un de l'autre un homme et sa tête.

Le droit à l'oubli 4

Le droit à l'oubli, livre blanc, avril 2012, 455 x 620 mm, livre composé de 10 gaufrages, textes manuscrit et couverture sur papier 160 g/m², 20 pages, 3 exemplaires.








Le droit à l'oubli 3

Texte pour le projet de livre.





Le droit à l'oubli

      Vous irez bien où vous voudrez, moi je reste et je disparais.

       Il ne rêve pas de gloire, mais il éclaire ses yeux dès qu'il peut.
Imaginez-vous que son jour point, et que cette heure-là lui fasse sentir l'usure de son corps. Que ce jour-là vous montre la carne qui le constitue. Vous n'y verriez plus rien.
Il écoute ce qui le fait et ce qui le forme.
Il n'en voit pas le bout.

       Il ne rêve pas de gloire, mais il ouvre la bouche sans rien dire, pour respirer.
On dirait qu'il ne veut plus parler. Et c'est sûrement pour ça qu'on ne le voit plus.
Les gens manquent. Certains font l'appel. Et d'autres, au milieu, dorment.
Il y a des milliers de raisons pour lesquelles on ne dirait rien, ne verrait rien. Cet homme n'est pas plus présent que nous tous réunis. Un groupe entier de personnes entières, et puis s'en vont.
C'est une silhouette.
Cet homme n'est que contours, mais on s'évertue à n'y voir qu'un corps se défendant. On s'imagine qu'il est bien là où il est.
Il est possible qu'il se défasse un jour de ce que nous attendons de lui.

       Il ne rêve pas de gloire, mais il se demande son nom.
Là où on placerait le bon sens, lui n'y voit qu'un boniment.
Il a cherché pendant longtemps comment formuler sa phrase, et après s'être rappelé les diverses formes, il a mué, et n'a plus pu s'exprimer.
J'ai longtemps cru que sa langue l'avait avalé. En fait, c'est lui qui l'a mangée.
On s'est arrêté en chemin, et maintenant nous sommes étriqués. On a ralenti la pensée, on l'a réduite jusqu'à ce qu'elle soit aussi fine qu'une feuille, et on l'a rangée en tas avec toutes les autres feuilles des autres. Comme ça, on n'y voit plus rien.

       Il ne rêve pas de gloire, mais il lève la tête.
Bien haut surtout.
Pour voir loin.
Voir venir ce qui pourrait bien lui arriver de véritable. Maintenant on lui siphonne à l'oreille qu'il n'y en a plus pour très longtemps. Parce qu'il a peur, et nous aussi. On se dit qu'il se taira et qu'on pourra bien lui apporter une ou deux oranges.
Avec ça il dormira.

        Il ne rêve pas de gloire, mais il pense fort.
Personne ne l'entend mais lui sait qu'il n'est pas enterré. Il se sait pensant. Nous lui refusons simplement cette considération qui ferait de lui une liberté. Et s'il arrivait à une solution ? Une à laquelle nous ne sommes pas capables de penser ? Il espère qu'aucune aiguille ne viendra le gêner et qu'il pourra faire sa route les bras ballants, en toute conscience de son corps pour une fois. Moins subi qu'instruit.
Une éraflure embourbée qui se voit amoncelée ne saurait durer plus longtemps.
Il prend ce rien qui fait son visage et sa pensée, et il envisage le pire.
Le mieux.

      Il ne rêve pas de gloire, mais il rêve.
À bras ouverts.

      Il ne rêve pas de gloire, mais il s'étend.
C'est comme une nappe qui vole au vent. On prend conscience dans la stupeur qu'elle est capable. Elle est seule, indépendante.
On prend peur, car on n'aurait jamais imaginé ça.
Une chose qui vit.
Un homme qui bouge, et pas n'importe lequel.
 
     Il ne rêve pas de gloire, mais il se rétracte.
Car son air est maintenant tellement concentré qu'il s'est réduit à presque rien, une pépite. Il a trouvé le fond. Il est resté longtemps. Il a compris ce qu'il est, et il n'a besoin de rien.
Les autres, ils ont peur. Ils se dispersent.
Lui est au minimum.
Il est petit.
Il n'est rien.

Alors, calmement, il s'en va.

Le dortmeurt 3

Le dort meurt, février 2012, 295 x 400 mm, impressions numériques sur papier Munken 115g/m², couverture papier recyclé 200g/m², 44 pages, livre en 3 exemplaires, réédité.












vendredi 13 avril 2012

Jeu de société 2

Jeu de société, avril 2012, 2 à 3 cm³ par pièce, terre, en cours.




Eaux 5

Série d'aquarelles, 360 x 480 mm, en cours.