mercredi 9 mars 2011

Eaux 2


Les amants 1

Série de cinquante têtes en dessin, lithographie et gravure taille douce, format variable.

    
                                                 

samedi 5 mars 2011

Eaux 1










mardi 1 mars 2011

PEIN - TUH !





Dindos 1

Série de 20 dessins au crayon de papier, 150 x 200 mm.

                                                     Bécasse des bois                       Aigrette garzette

                                                             Courlis cendré                                     Cygne tuberculé

                                                                                             Oie cendrée                                         Spatule Blanche

Puffin des Anglais                                        Harle huppé

 Catalogue d'oiseaux
Livre à venir

Le dort meurt 1

  
 


 

Sans nom n'écrit pas.                         Il gère l'espace bidimensionnel de la surface immaculée.
Sans nom ne lit pas.                    Il étudie le produit de sa civilisation.
Sans nom ne parle pas.           Il assemble et organise les bruits instaurés par ses semblables.
Sans nom ne dort pas.
             
                      Il meurt.

Sans nom est un individu de sexe asexué. Il a les cheveux comme du crin et la bague aux doigts scintillante. Son allure est une illusion. Sa peau morte. Sa dentelle dans sa bouche. Ses yeux obscurcis. Son miroir flétrit. Ses jambes émasculées. Son air aéré. Son esprit mistral.
Comme un matin de grande affluence. Un mardi.
Un milieu.

Une bouche ouverte aux hommes, un égout peuplé.
Son lit ne craque plus depuis maintenant quelques années, depuis qu'il l'a fait réparer, et il en est bien heureux, particulièrement ce matin affluent.  Si la pluie avait été une vilenie, alors il l'aurait dit. Mais aujourd'hui il ne dit rien. Pleinement satisfait. Un milieu.
Le couloir est aménagé avec soin et c'est ainsi qu'il profite de lui, aller et retour. Tout est organisé ce matin.
Ce matin            est un beau matin.
Sans nom s'attache aux choses. Et ses choses le lui rendent bien. Elles remplissent leurs fonctions comme jamais elles ne devraient le faire. Sans nom et ses choses.
Ainsi il part. Au travail. Dans le travail. Il est analyseur d'analyses. Il corrige les fautes.

Un bon travail.

Comme il aime à le penser, la structure du mot est essentielle et ne doit pas être altérée. Cet intellectuel téléporté cible. C'est comme qui dirait une flèche. La forme, la structure, la ferraille, le clou aussi bien que le matériau, et peut-être, surtout, l'apparence entière inhérente d'un seul unique et BEAU texte.
Sans nom n'a pas d'exemple, il ne lit pas, il analyse.
Mais il corrige, et cela le satisfait encore une fois. Il se sait être un corrigeur                 et un corrigé. Celui qui rétablit, nivelle, donne raison, ajuste et maintient. Et tout ça dans le sens du terme.
Et tout ça le satisfait.
Car tout ça est très satisfaisant.
La satisfaction se suffit à elle-même.
Beaucoup sont satisfaits.
Beaucoup sont satisfaits de leur satisfaction.
Beaucoup est vraiment beaucoup.
La journée de Sans nom est sans intérêt. Incorrigible corrigeur corrigé.
Il s'est fabriqué, à la suite des mille premiers textes, une paire de deux paires de deux paires de lunettes. Ainsi sa clairvoyance est maintenue à son exact point culminant.
Une montagne qu'il ne peut plus descendre, à moins de

                                                                                                                                                          tomber.

Et c'est du haut de sa hauteur qu'il rectifie à longueur d'onde les textes, les plus beaux textes du monde, une foule de mots à débroussailler, un ordre à ordures, des mots à mâcher, une mastication laborieuse pour au final n'en régurgiter que la moitié. Une vilaine torture invisible, une mort lente mais rassurante et même, surtout, encore plus,                     
                             une mort satisfaisante.

Il est 19h10, et Sans nom entame ses dernières cinq minutes de travail. Jamais un labeur. Jamais une parole, toujours seul, jamais seul, constamment constant.
Il se sent bien dans la rue. Intégré comme il est au trottoir, tout en amitié pour le pauvre et le riche, en phase avec emphase, et inerte. Il va même à partager sa sonnante au sonné du coin. Depuis le temps qu'il est là...
À se demander lequel a besoin d'un sonotone.
Parvenu au parvis. Cliquetis de mort. Et Sans nom effectuera les derniers pas. Sans nonne n'est pas là. Partie depuis toujours et morte de chagrin à force de correction. Elle a pris le dictionnaire et a fui  se faire corriger ailleurs.
Sans nom n'est pas triste, il est analyseur.
Sans nom est sans cœur, Sans nom est sans peur, Sans nom aime le téléviseur. On lui lit les mots qu'il corrige. Sans nom aime ces mots corrigés. Tout cela est bien admirable. Et la femme est belle dans son fond, elle parle sans faux noms et n'assassine personne de son ton.
Tout est vraiment satisfaisant.
Il se dit bien tout cela dans son lit. Il admire sa vie, il admire son lit.

Sans nom ne rêve pas.                    Il analyse.
Sans nom ne ronfle pas.                   Il éructe sa satisfaction.
Sans nom ne bouge pas.             Il ne bouge pas.
Sans nom ne dort pas.

                        Il meurt.